jeudi 13 janvier 2011

Conférence ISTHME à Metz le 16 février 2011

Association San Violentine Lorraine
16 février 2011 à Metz
 Café/débat « Le Dire & Agir »

Invité :     Madame Sophie Soria-Glo

Thème :   Les souffrances au travail et le harcèlement moral en entreprise face à l'accord national sur le harcèlement et la violence au travail de 2010.

Association ISTHME-Recherches Institut international sur les souffrances au travail et le harcèlement moral en entreprise.

Lire la Biographie de Sophie Soria-Glo

Le site de l’association ISTHME-Recherches


samedi 8 janvier 2011

Nouvelles du WBI aux USA

Fin 2010, un sondage express de l’association américaine WBI  (Workplace Bullying Institute) a posé aux Internautes fréquentant son site la question suivante et a obtenu les résultats ci-dessous.

Depuis que vous avez été victime de harcèlement moral au travail, votre relation avec votre conjoint (qui est la première source de soutien émotionnel) a été :

  • Très tendue, nous avons vécu plus de conflits et de stress à cause de cela (62%).
  • Renforcée, nous sommes plus proches et mieux connectés (17%°).
  • Dissoute, nous sommes : devenus comme des étrangers l’un pour l’autre / nous nous sommes séparés / nous avons divorcé (14%).
  • Je ne sais pas si ma relation de couple a été affectée par le harcèlement moral que j’ai subi au travail (4%).
  • Aucun effet, le harcèlement moral n’a eu aucun impact (3%).

Aux Etats-Unis, l’association WBI (Workplace Bullying Institute) a été fondée par un couple de psychiatres.

Elle propose des conseils, de la formation, du coaching et de la médiation aux victimes de harcèlement moral, aux entreprises souhaitant lutter contre ce fléau ainsi qu’aux organisations syndicales et aux représentants du personnel.

Le WBI a servi de modèle pour la création de notre modeste et débutante association, qui s’est inspirée du discours à dominante économique du WBI sur le harcèlement moral.

Les arguments du WBI pour mettre fin au harcèlement moral sont en effet d’ordre économique. Selon le WBI, les harceleurs coûtent trop cher à l’entreprise pour qu’on les garde (« Bullies are too expensive to keep »).

En effet, le harceleur (« bully » en Anglais, pluriel « bullies ») ne se contente pas de martyriser sa victime sur le plan psychologique, il sabote aussi le travail de celle-ci. Ainsi, par ce sabotage professionnel délibéré, le « bully » fait perdre de l’argent à l’entreprise.  De plus, le « bully » provoque du turn over par démission de ses victimes qui craquent, ainsi que des procès de victimes mécontentes et il fait dépenser de l’argent à son employeur en frais d’avocats. C’est donc lui le nuisible qu’il faut licencier.

Il n’y a aucune raison financière pour que l’entreprise prenne le parti des « bullies » et qu’elle sanctionne les victimes pour avoir osé les dénoncer, comme c’est malheureusement le cas dans les entreprises américaines autant que françaises à l’heure actuelle.  

Le WBI possède également une action de lobbying contre le harcèlement moral.

Depuis 2003, le WBI s’est mobilisé pour faire voter aux Etats-Unis une loi contre le harcèlement moral où, contrairement à la France, celui-ci n’est pas réprimé.

Cette loi, appelée « Healthy Workplace Bill » a été votée dans 18 Etats, dont les Etats de New York et de l’Illinois en 2010. Le WBI s’appuie sur un réseau de bénévoles dans 32 Etats pour appuyer son action de lobbying, afin que le « Healthy Workplace Bill » soit voté dans tous les Etats des USA.

Contrairement au WBI, notre association ISTHME-Recherches ne se mobilise pas pour faire changer les lois, mais pour que l'accord national sur le harcèlement de mars 2010 soit appliqué selon les directives du Ministère du Travail datant de fin juillet 2010 dernier.



mardi 28 décembre 2010

Meilleurs voeux 2011

ISTHME-Recherches

Institut international
sur les souffrances au travail et le harcèlement moral en entreprise

vous présente ses meilleurs voeux
pour l'année 2011

A bientôt !

mercredi 22 décembre 2010

Le harcèlement moral : débat sur Radio Notre Dame

 http://www.radionotredame.net/emission/lavoixestlibre/2010-12-21

Le 21 décembre 2010 dernier, la Présidente d'ISTHME-Recherches a été invitée à un débat sur les souffrances au travail, dans l'émission Le Voix est Libre d'Anne Gavini sur Radio Notre Dame.

Cliquer sur le lien ci-dessus pour écouter.

samedi 20 novembre 2010

Etude scientifique sur le harcèlement moral au travail

ISTHME-RECHERCHES LANCE UNE ÉTUDE SCIENTIFIQUE SUR LE HARCÈLEMENT MORAL AU TRAVAIL

Notre association lance une étude scientifique sur le niveau de stress des personnes harcelées au travail.

Pour participer à cette étude, nous recherchons des personnes actuellement en poste et en situation de harcèlement au travail, en tant que volontaires bénévoles pour l’étude.

Notre but : mesurer le degré de stress lié au harcèlement moral au travail, afin de sensibiliser de manière objective et de faire avancer la science à travers des chiffres concrets.

Les résultats seront médiatisés pour sensibiliser l’opinion et les entreprises.

Nous avons de grandes difficultés à trouver des volontaires. Pourtant, participer à l’étude ne demande aucun effet particulier : il suffit d’accepter de porter un capteur de stress sur soi pendant 48h (boitier discret de 4 cm2).

SVP contribuez, aidez-nous à sensibiliser ! Merci.

Pourquoi cette étude ?

D’après les psychiatres spécialisés, le harcèlement moral au travail provoque un état de stress post-traumatique chez les victimes.

L’état de stress post-traumatique survient généralement :
·         soit chez des personnes exposées à un stress grave mais unique comme un accident d’avion ou une prise d’otages ;
·         soit chez des personnes ayant subi des agressions répétées ou durables qui menacent leur intégrité physique et/ou psychique, comme les violences conjugales, la guerre ou le harcèlement moral au travail.

L’événement traumatique peut être intentionnel ou non, il peut s’agir de violences collectives ou individuelles. Dans tous les cas, c’est la réaction du psychisme humain à la violence extrême qui est en jeu.

Or les non-spécialistes ont tendance à minimiser ces états de stress grave, notamment dans les entreprises où le harcèlement moral est l’objet d’un déni. D’où l’idée de lancer cette étude.

L’état de stress post-traumatique se manifeste par une hyper-vigilance accrue, des conduites d’évitement et des conduites dissociantes, ainsi que par des troubles de la concentration et de la mémoire.

Notre association souhaite mesurer scientifiquement l’état de stress post-traumatique en le comparant avec la moyenne de normalité.

Grace à des capteurs de stress, boitiers médicaux comparables à une petite clé USB que l’on porte sur soi et qui mesure les rythmes cardiaque et respiratoire, le test lancé par notre association ISTHME-Recherche va pouvoir mesurer scientifiquement les indicateurs biologiques de l’état de stress post-traumatique. Le boitier enregistre les données biologiques de la personne, qui sont ensuite analysées par ordinateur grâce à un logiciel spécial. 

A notre connaissance, cette mesure de l’état de stress post-traumatique n’a jamais été réalisée de façon chiffrée, bien que cet état de psycho-traumatisme ait pu être observé de manière clinique, c.à.d. à travers ses symptômes, par de nombreux  médecins dans le monde entier.
Ces boitiers médicaux sont importés de Finlande par une société spécialisée qui nous les prête gracieusement et qui analysera les résultats par ordinateur.

Ils ont déjà été utilisés par un million de personnes dans le monde, dans le cadre de diagnostics médicaux liés à la santé des sportifs. Aujourd'hui, ils arrivent en France et ISTHME-Recherches a obtenu le soutien gracieux de la société qui les commercialise.

Comment se déroule l'étude ?

Les personnes volontaires pour participer à l'étude auront seulement à porter sur eux un boitier plastique discret (4cm), relié à des électrodes pendant 48h, sur des jours travaillés.

Le port du boitier est très discret, il est totalement invisible sous les vêtements. Il doit être porté pendant 48 h consécutives, en ayant la possibilité de le retirer pour la toilette.

Les volontaires recevront l'équipement par Chronopost, ainsi qu'une enveloppe de renvoi prépayée.

L'étude est anonyme. Chaque participant devra renseigner un questionnaire médical confidentiel afin de prendre en considération des paramètres demandés. (âge, taille, poids, traitements médiaux en cours)

Une fois les 48 h passées le boitier porté, le volontaire le renvoie simplement avec l'enveloppe fournie. Aucune autre action n'est demandée au volontaire.

Comment participer à l'étude ?

Une fois avoir pris connaissance des modalités de l'étude ci dessus, si vous souhaitez être candidat pour participer à cette étude, merci de nous communiquer votre adresse mail, afin que notre présidente puisse vous contacter pour lancer votre participation.

Merci de votre participation !

Pour mieux comprendre et en savoir plus sur l’état de stress post-traumatique

Voir l’excellent site de l’association « Mémoire traumatique et victimologie » du Dr Muriel Salmona qui explique les psycho-traumatismes.


Appel aux entreprises : le harcèlement moral vous coute trop cher pour continuer ainsi

La présidente de notre association a été interviewée par Le Progrès de Lyon dans un dossier sur le harcèlement moral et elle a pu faire passer ses idées sur son approche économique. Elle a également lancé un appel aux entreprises avec qui notre association souhaite créer bénévolement un groupe de recherches pour finaliser un modèle de "charte de référence" dans les cas de harcèlement (voir notre appel aux DRH dans l'interview de la Présidente en fin d'article).

DRH : comment lutter contre le harcèlement
publié le 09.11.2010
http://www.leprogres.fr/fr/permalien/article/4112191/DRH-comment-lutter-contre-le-harcelement.html (l’article est illisible sur le site car écrit trop petit, je le reproduis donc ci-dessous).

Ressources humaines. Au printemps, syndicats et patronat ont signé un accord détaillant les mesures à instaurer pour prévenir le harcèlement. Elles ont été rendues obligatoires cet été par un arrêté du ministère du Travail. Les DRH doivent se mettre au boulot.

Depuis 2008, 58 salariés de France Télécom se sont donné la mort. Des journalistes ont enquêté. Et ils sont tombés sur Next.
Next ? C'était le nom du plan lancé par Didier Lombard en 2004, lors de son arrivée à la tête du groupe. Son objectif ? Inciter au départ 22 000 salariés.
Comment ? En les pressurisant, en les déplaçant, en les poussant à la faute… Des employés ont été formés à ces méthodes. Documents à l'appui : des courbes détaillant les phases psychologiques par lesquelles passeraient les salariés (révolte, tristesse, résignation) leur ont notamment été remis. Le plan Next, ou comment instituer le harcèlement moral comme modèle managérial… Depuis, la problématique est plus que médiatisée. Le harcèlement en entreprise est devenu un véritable phénomène de société. Quitte à tout mélanger.

Comprendre la situation
Me Mélanie Chabanol, avocate au barreau de Lyon, le concède : « Dès que les salariés vivent mal une situation, ils emploient le mot « harcèlement ». Mais la souffrance au travail n'est pas toujours synonyme de harcèlement, pas au sens de la loi en tout cas ». Mais alors, qu'est-ce que le harcèlement ? Si plusieurs définitions coexistent, il est déterminé par le caractère « répété » des agissements. « Un seul fait, aussi abominable soit-il, ne constitue pas du harcèlement », précise Me Chabanol, qui ajoute : « Il est sans doute intéressant de définir ce que n'est pas le harcèlement. Par exemple, il n'est pas le fait d'être appelé une fois de temps en temps chez soi le soir, il n'est pas le fait de recevoir une lettre pendant son arrêt maladie, il n'est pas non plus le fait de ressentir une pression pour effectuer des heures supplémentaires ».
Mais attention : il incombe à l'employeur de prévenir le harcèlement et la violence au travail. « Il existe désormais un lien étroit entre l'obligation de sécurité et de résultat et le harcèlement », insiste Me Pesson, avocate au barreau de Lyon.

Rédiger une charte de référence
L'accord interprofessionnel du 26 mars 2010 est venu préciser les outils qui permettent à l'employeur de prévenir le harcèlement. La priorité ? Rédiger une « charte de référence », qui sera annexée au règlement intérieur. « Ce document doit définir les notions de harcèlement et de violences au travail et proposer un cadre pour leur identification, leur prévention et leur gestion. Il s'agit d'établir les procédures à suivre si un cas de harcèlement survient », détaille Cécile Pesson.
« Le WBI, association américaine spécialisée depuis 10 ans dans la prévention du harcèlement, conseille d'établir une liste des comportements interdits dans l'entreprise. Il est judicieux d'inclure une telle liste dans la charte », estime Sophie Soria-Glo, dirigeante du cabinet Le Nouveau Coaching Ethique.

Former les responsables hiérarchiques
Au titre de la prévention, il faut également prévoir la formation des responsables hiérarchiques aux bons comportements managériaux.

Mettre en place une médiation
Un salarié, une organisation syndicale ou une institution représentative du personnel vous alerte sur un cas de harcèlement ? « L'inertie est totalement à proscrire », prévient Me Pesson, « l'absence de réaction pourrait peser lourd dans la balance en cas d'action prud'homale, et ce, même en présence de faits de harcèlement discutables ». L'employeur doit prouver qu'il a pris toutes les mesures nécessaires. À commencer par le lancement d'une enquête interne et la mise en place d'une procédure de médiation.

Accompagner le salarié
L'employeur veillera également à accompagner le salarié. « La victime doit être aidée et soutenue psychologiquement, et maintenue dans son emploi », insiste Sophie Soria-Glo.
« Souvent, les directions mutent la victime dans un autre service », explique Mélanie Chabanol, « c'est une erreur : toute décision prise par rapport à un salarié qui subit des agissements relevant du harcèlement est nulle ».
« Le gros problème, c'est que les dirigeants ne veulent pas désavouer le management », estime Sophie Soria-Glo. Prudence toutefois, car comme l'indique Cécile Pesson, « l'employeur doit prendre les mesures adaptées contre l'auteur d'agissements de harcèlement ou de violences ».
Avec l'accord interprofessionnel de mars 2010, « la présomption du harcèlement va nécessairement se trouver facilitée pour le salarié si l'employeur n'a pas mis en place ces différents outils », insiste Me Pesson. Sachez qu'en cas de recours au Conseil de prud'hommes, les juges pourront toutefois se montrer plus cléments envers des entreprises de petite et moyenne taille, à condition qu'ils soient convaincus de la bonne foi du chef d'entreprise dans la gestion des faits.
Céline Boff.

Témoignage : « Il s'est véritablement acharné sur moi »

Joëlle, 27 ans, journaliste, a été victime de harcèlement moral pendant un an et demi. Elle témoigne « Ça a commencé en 2008… Dès mon arrivée dans cette rédaction du secteur audiovisuel.
J'étais là en tant qu'apprentie. Je pensais que mon chef allait me transmettre son savoir… Il m'a tout de suite expliqué qu'on lui avait imposé ma présence et qu'il ne voulait pas de moi. J'étais la plus jeune, je débutais, je ne pouvais pas me permettre de lui répondre…
Lui était un homme frustré, placardisé, proche de la retraite. Il s'est véritablement acharné sur moi.
Des exemples ? Lors des réunions, il parlait toujours de moi à la troisième personne, comme si j'étais absente. C'était comme ça qu'il me donnait mes tâches, avec des phrases du type « Et la Joëlle, elle pourrait faire ça... », sans jamais s'adresser directement à moi, ou même me regarder. Parfois, je proposais des sujets. Toujours sans me regarder, mon chef les validait… et les confiait à d'autres journalistes.
Je me souviens de ce jour où il a lu mon CV devant l'équipe. Il s'esclaffait : « Joëlle a un bac +2 ! Mais comment on peut recruter des personnes qui ont seulement un bac + 2 ! ». Les journalistes gardaient le nez dans leurs dossiers. Pas un n'est intervenu.
Ça, c'était la partie la plus cool. Le plus dur, c'est que j'étais toute seule. Je n'avais pas de tuteur. Personne n'était là pour m'apprendre le métier, et c'étaient mes premiers pas dans le journalisme. Il n'y a pas un seul jour où je n'ai pas pleuré dans les toilettes.
Au bout d'un an et demi, à bout de nerfs, j'ai dit à mon chef : « Ça ne va plus se passer comme ça, je ne suis pas ton esclave ! ». Ça a dégénéré. Je suis partie de son bureau et je suis montée à l'étage de la direction, en larmes.
Un autre chef m'a alors écoutée. Et a pris les choses très au sérieux. Il faut dire que les suicides chez France Télécom faisaient la Une de l'actualité et que notre CHSCT (Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) s'inquiétait de cas de souffrance au travail dans différents services de la chaîne.
En moins d'une semaine, on m'a changé de service. J'ai enfin pu respirer, et découvrir le métier. J'aurais dû en parler plus tôt, mais j'avais peur. Que ça me retombe dessus, qu'on me catalogue comme une « emmerdeuse ». Et puis, je n'avais plus confiance en moi, je ne me sentais plus capable de rien. Un journaliste m'avait dit : « Mets-toi au Prozac, ici, tout le monde en prend ».
Dans ce milieu du journalisme réputé difficile, ça paraissait presque normal d'en baver… Je ne savais plus où j'en étais. J'étais mal, mais c'est bien plus tard, des mois après cette expérience, que j'ai compris que j'avais été victime de harcèlement. »
Recueilli par C.B.

Quand le pénal s'en mêle
La juridiction prud'homale n'est pas la seule à même de statuer sur le harcèlement moral au travail. Une plainte peut également être déposée. Selon l'article L1155-2, qui est la disposition pénale du Code du travail, « les faits de harcèlement moral et sexuel sont punis d'un emprisonnement d'un an et d'une amende de 15 000 euros ».
Cependant, la voie pénale est rarement utilisée. Notamment parce que si, au civil, la charge de la preuve est mixte, ce n'est pas le cas au pénal : il appartient au parquet ou à la partie poursuivante de prouver la culpabilité. « Et la preuve est, dans ces affaires, vraiment délicate à rapporter…
Comme le doute profite toujours à la personne mise en cause, les victoires sont extrêmement rares », détaille Me Mélanie Chabanol. Par ailleurs, un succès aux prud'hommes n'implique pas forcément une victoire au pénal. « Je me souviens du cas d'une salariée du secteur bancaire qui avait obtenu gain de cause devant la juridiction prud'homale, mais dont la plainte a été classée sans suite », révèle Me Chabanol, qui ajoute : « Il faut de plus être très prudent : lorsque l'on dépose plainte, il y a toujours le risque d'être accusé par la suite de dénonciation calomnieuse… ».
Parfois, cependant, ça marche. En 2009, le tribunal correctionnel de Lyon a créé l'événement en condamnant la société de messagerie DHL et l'un de ses cadres à respectivement 15 000 et 3 000 euros d'amende. Trois salariées du site DHL de Vénissieux avaient porté plainte contre le cadre, qui les pressurisait, les injuriait et avait pris l'habitude d'appeler les femmes de son service « des femelles ». C.B.


3 questions à… Sophie Soria-Glo, dirigeante du cabinet Le Nouveau Coaching Ethique et présidente de l'association ISTHME-Recherches

Comment les entreprises gèrent-elles le harcèlement au travail ?
Le plus souvent très mal, ou pas du tout. Et pourtant, les mesures de prévention contre le harcèlement et la violence au travail, issues de l'accord interprofessionnel du 26 mars dernier, ont été rendues obligatoires le 31 juillet par un arrêté du ministère du travail… Mais cet arrêté est passé complètement inaperçu. Si les entreprises ne respectent pas ces recommandations et qu'elles se retrouvent confrontées à un cas de harcèlement, elles auront bien du mal à organiser leur défense…

Que pouvez-vous nous dire sur les harceleurs ?
Il existe différents profils, du pervers narcissique à l'ambitieux prêt à tout. Dans 5 % des cas, c'est le supérieur qui est agressé par un subordonné. On appelle ce phénomène du « harcèlement vertical ascendant », je le nomme pour ma part le syndrome « Iznogoud », l'employé qui veut devenir calife à la place du calife. Parfois, c'est la culture même de l'entreprise qui favorise le harcèlement moral. France Télécom est l'exemple le plus significatif de ce « management immoral ».
Dans tous les cas, le harcèlement moral coûte très cher à l'entreprise, puisqu'il est source d'absentéisme, de turnover (rotation de l'emploi, ndlr), de démotivation, d'accidents du travail, de procédures judiciaires…
Aux États-Unis, une étude réalisée en 2007 par le Workplace Bullying Institute révèle que le harcèlement moral coûte, chaque année, 24 millions de dollars à chacune des entreprises du Fortune 500…

Quelles solutions proposez-vous ?
Les entreprises doivent désormais rédiger une charte de référence, dans laquelle est détaillée la procédure à suivre en cas de harcèlement. À travers Isthme-Recherches, nous aimerions travailler avec des DRH à la rédaction de cette charte. Nous sommes prêts à le faire bénévolement pour ensuite délivrer gratuitement ce document à toutes les entreprises qui nous en feraient la demande. C'est un appel que nous lançons.
Recueilli par C.B.

Les clefs pour comprendre
1 - Qu'est-ce que le harcèlement ? Il existe trois définitions.
Celle du Code du travail, article L1152-1 (2002) : « Aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel. »
Celle du Conseil économique et social (2001) : « Constitue un harcèlement moral tous agissements répétés visant à dégrader les conditions humaines, relationnelles, matérielles de travail d'une ou plusieurs victimes, de nature à porter atteinte à leurs droits et leur dignité, pouvant altérer gravement leur état de santé et pouvant compromettre leur avenir professionnel. »
Celle de l'Accord national interprofessionnel (2010) : « Le harcèlement survient lorsqu'un ou plusieurs salariés font l'objet d'abus, de menaces et/ou d'humiliations répétés et délibérés dans des circonstances liées au travail, soit sur les lieux de travail, soit dans des situations liées au travail. »
2 - Quelle est la situation ?
En France, un salarié sur six estime être l'objet de comportements hostiles dans le cadre de son travail. C'est ce que révèle l'enquête Sumer, réalisée en 2003 par la Dares et la DGT (Inspection médicale du travail). Cette enquête démontre que les femmes et les salariés les moins qualifiés sont plus exposés que les autres. A contrario, les salariés des TPE de moins de 10 salariés évoquent plus rarement ce type d'agissements. Selon une étude menée par l'INRS en 2006, 65 % des cas de harcèlement moral se terminent par une perte d'emploi pour le salarié harcelé. En 2004, soit deux ans après la loi sur le harcèlement de 2002, 12 % des entreprises françaises avaient instauré des formations, 11 % avaient élaboré une charte d'entreprise, 5 % avaient mis en place des procédures d'alerte (source : ANDRH). Cependant, seules 25 % des entreprises considéraient que la loi avait eu un impact sur les pratiques. 5 % des Européens estiment avoir été victimes de harcèlement moral au travail (enquête 2005).

Félicitations et remerciements à la journaliste Céline Boff qui a fait une excellente synthèse sur le sujet.

« Cela coûte cher à l'entreprise »